En dépit de son existence tumultueuse et jalonnée par quantités de décès, Jinnai est gâté d’une attitude glaciale et égoïste. Le lycéen est un grand solitaire que les relations humaines effraie. Ce qui n’est pas pour l’arranger, il n’est pas bavard et préfère largement des actes à un discours savamment pensé. Il compense ce manque de verbiage par une perspicacité mordante ainsi que par une redoutable franchise (ce qui l’amène dans de fâcheuses situations bien souvent).

Il ne rit jamais, pour cause l’expression neutre qu’il arbore semble figée et rien n’y personne n’est à ce jour en mesure de lui arracher ne serait-ce que l’ébauche d’un sourire. Les seules fois où il semble  réellement en vie, c’est lorsqu’il se bat. Car oui, cette tendance de misanthrope se couple irrémédiablement à un tempérament bagarreur.  Il n’est pas du genre à chercher le conflit mais lorsque ce dernier sonne à sa porte, Jinnai ne se prive pas d’y répondre. S’Il fallait lui reconnaître une qualité, c’est qu’il ne laisse jamais personne lui marcher sur les pieds.

Il n’est pas de nature impulsive et se contente la plupart du temps d’observer en silence. Jinnai est un personnage énigmatique à l’esprit si complexe qu’on pourrait le comparer à un labyrinthe sans fin. Sa nature réfléchie et posée le pousse bien souvent à s’interroger sur le monde extérieur, à chercher des réponses à des questions qu’un individu lambda ne se poserait même pas.

Ce n’est pas un élève brillant mais il se débrouille. Il essaye de combler ses lacunes comme il peut et surtout sans demander de l’aide à quiconque. Le lycéen veut ne rien devoir à personne afin de conserver cette liberté qui lui est cher. Rien n’y personne ne saurait lui dicter ses actions à tel point qu’il en a fait son crédo.

Je ne commencerai pas le récit de ma courte existence par ma naissance, comme il est coutume de le faire lorsque l’on introduit une histoire. Elle n’a rien de notable et mes souvenirs sont incapables de restituer avec précision ce que j’ai ressentis à ce moment là. On m’a simplement dit que c’était une bonne journée pour naître, que la ville était en fête et que de grandes fanfares résonnaient dans les rues. Ma mère est décédée peu de temps après, avant que je ne sois en âge de m’en souvenir, elle était de constitution fragile m’avait-on dit, loin des robustes et rougeaudes filles de campagne, milieu pourtant duquel elle était pourtant issue. Nous finîmes par suspendre une photo d’elle dans le couloir « C’est pour ne pas oublier » m’avait dit mon père.

Que je vous parle de mon vieux ? C’est un type qui est allé chez le médecin une fois, dit qu’il était déprimé, que la vie lui paraissait dure et cruelle et qu’il se sentait seul dans un monde menaçant. Vous voulez savoir ce que lui a répondu le Doc’ ? « Le remède est simple, l’humoriste Akira Tenki est en ville. Allez le voir, ça vous remontera ! » Alors mon vieux a éclaté en sanglots : « Mais docteur » qu’il lui a dit « Je suis Akira Tenki ! »

Le soir même je le retrouvais pendu à une corde en rentrant de l’école, au beau milieu de notre salon : le froc baissé et un petit papier entre les mains sur lequel était inscrit fébrilement en Kanji « Courage Jinnai ». Courage Jinnai…  qu’est-ce que cela signifie ? Lorsqu’un homme qui s’est suicidé vous parle de courage faut-il traiter cet ultime conseil le plus sérieusement du monde ? Je devais avoir huit ans et lorsqu’on m’emmena vivre chez mon plus proche parent, à savoir ma grand-mère, cette dernière me dit « Tu sais Jinnai, même s’il ne le montrait pas ton père était toujours très affecté par la mort de ta mère. Il était plus sensible qu’on ne le pensait. » Je me suis contenté de lui répondre de la manière la plus stoïque qui soit, par un simple « Ok ». Ok… Tout avait été dit.

Comme dit un peu plus haut, je suis allé à l’école. Je ne me faisais pas spécialement remarquer… évidemment, comme tous les gosses de mon âge, j’ai eu des petits ennuis : « Chopez moi ce bâtard les gars ! Prends ça enfoiré ! » Ca ne me plaisais pas particulièrement mais il fallait bien se défendre « Ahhh pffutain il mff’a pfétfé une dfent ! » Et puis j’avais déjà mes principes à moi.

Dans un monde comme celui-ci, quel genre d’homme fallait-il être pour survivre ?  Après ces événements, je me suis longtemps posé la question sans trouver de réponse. Elle m’apparut un jour, comme un éclair. Mon père avait passé sa vie à donner le sourire aux gens alors que lui-même ne souriait pas. Tout ce temps il s’était mis de côté, négligé au profit des autres jusqu’à s’oublier soi-même. Il fallait se rendre à l’évidence, ce n’était pas la bonne manière d’être : dans la fosse au lion qu’était la vie, il fallait être égoïste pour survivre.

Depuis ce jour, je me suis donc efforcé de respecter cette ligne de conduite. Il me fallait prendre ma vie en main. L’empoigner le plus fortement possible et s’y accrocher, faire en sorte que les autres lâches et qu’il ne reste plus que moi en définitif.  

Ton pseudo : Jinnai pour le moment.
Ton âge : 22 ans !
Comment as-tu connu le forum ? : Topsite, tout simplement.
As-tu lu le règlement? : Validé par Ken ♥

Autre chose à dire ? J'espère avoir trouvé chaussure à mon pied en venant ici.

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